Aux racines de l’extermination des Juifs en France (1940-1944)


À rebours des thèses pro-vichystes d’un Zemmour au sujet du prétendu « sauvetage des juifs français en échange du sacrifice des juifs étrangers », un épisode qui va aux racines de l’extermination des juifs en France et des logiques antisémites, collaborationnistes et souverainistes de participation de l’Etat français à une entreprise génocidaire à partir de L’État contre les juifs. Vichy, les nazis et la persécution antisémite (Grasset, 2018) de Laurent Joly – avec l’auteur, historien, et directeur de recherches au CNRS


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L’épisode comporte :

  • Une présentation générale de l’ouvrage (1′) ;
  • Une discussion des origines du statut des juifs de 1940, entre souverainisme, collaborationnisme et antisémitisme français d’extrême-droite (2′) ;
  • Une analyse des persécutions vichystes des juifs naturalisés, désignés comme « français de papier » (12′) ;
  • Une critique du prétendu « sauvetage des juifs français en échange du sacrifice des juifs étrangers » : aucun État souverain d’Europe n’a de toute façon livré ses citoyens juifs aux nazis, le maintien d’une souveraineté française aurait dû permettre une plus grande protection des juifs (surtout dans un territoire aussi vaste et avec des troupes d’occupations si peu nombreuses et avant tout vouées à la traque des résistants), il y avait une volonté préalable de Vichy de se débarrasser des juifs étrangers et des naturalisés (donc français !), la police française a de son propre chef (en vertu des accords Oberg-Bousquet) effectue la Rafle du Vél d’Hiv (comprenant sans demande allemande préalable de nombreux enfants juifs français) de juillet 1942 et une bonne partie des rafles de zone libre, et Vichy pouvait demander une suspension des rafles comme elle l’a fait avec succès en septembre 1942 suite aux protestations de prélats catholiques (15′) ;
  • Un rappel des faits : recensement nazi des juifs de zone occupée en 1940, création du Commissariat général aux affaires juives en 1941, basculement du régime nazi dans une logique d’extermination à l’échelle européenne et rafles de juifs français en décembre 1941, ordre d’Himmler de juin 1942 d’aboutir à une « solution finale au problème juif » d’ici à un an, rafle du Vélodrome d’Hiver de juillet 1942 (13 000 juifs raflés dont 4 000 enfants majoritairement français), déportation (sans demande allemande préalable) de 10 000 juifs étrangers de zone libre en juillet 1942, signature d’une loi de dénaturalisation des juifs naturalisés depuis 1927 dans l’optique d’une nouvelle rafle en 1943 finalement annulée en raison du changement d’alliance de l’Italie fasciste (27′) ;
  • Un décryptage de « l’économie morale » des décideurs, des bureaucrates et des participants « ordinaires » aux déportations de juifs (37′) ;
  • Une discussion autour des procès de l’épuration des collaborateurs français au génocide nazi, avec une condamnation des « politiques », notamment Pétain, Laval, Darquier de Pellepoix et Vallat, mais un acquittement des commissaires, des criminels de bureau et des technocrates, notamment Bousquet (47′) ;
  • Une conclusion : l’État français n’a pas allégé, mais alourdi le bilan de l’extermination des juifs en France, par sa logique collaborationniste, souverainiste et antisémite xénophobe, pire que celle de l’Italie fasciste (1h06′).

Autres publications de l’invité

Laurent Joly est également auteur à ce sujet de :

  • Xavier Vallat (1891-1972) : du nationalisme chrétien à l’antisémitisme d’État, Paris, Grasset, 2001
  • Vichy dans la « Solution finale » : histoire du Commissariat général aux questions juives (1941-1944), Paris, Grasset, 2006
  • L’Antisémitisme de bureau. Enquête au cœur de la Préfecture de police de Paris et du Commissariat général aux questions juives (1940-1944), Paris, Grasset, 2011
  • Dénoncer les Juifs sous l’Occupation : Paris, 1940-1944, Paris, CNRS, 2017

Pour aller plus loin

On pourra également lire à ce sujet:

  • Tal Bruttmann, Au bureau des affaires juives : L’administration française et l’application de la législation antisémite, 1940-1944, Paris, La Découverte, 2006
  • Vicky Caron, L’Asile incertain. La crise des réfugiés juifs en France (1933-1942), Paris, Tallandier, 2008
  • Laurent Joly et Tal Bruttmann, La France antijuive de 1936. L’agression de Léon Blum à la Chambre des députés, Paris, CNRS, 2016
  • Jacques Sémelin, La survie des juifs en France (1940-1944), Paris, CNRS Editions, 2018